Le Sak Yant ou le tatouage sacré par des moines bouddhistes
Le Sak Yant est le tatouage réalisé par les moines bouddhistes de l’ancien Empire Khmer (Thailande, sud du Laos, Vietnam et Cambodge). Ces tatouages étaient notamment réservés aux guerriers et avaient pour vertu d’apporter force, pouvoir et richesse, voire invincibilité à ses porteurs… En effet, lors de leur réalisation, les moines-tatoueurs prononcent des rituels et des mantras afin que ceux-ci pénètrent dans le sang en même temps que l’encre indélébile du dessin.
De jeunes moines aux dos tatoués.
Des motifs uniques choisis par le moine
Vous ne choisissez pas le motif : c’est le tatoueur qui le choisit pour vous, selon votre personnalité, vos aspirations et votre aura. Le motif correspond à un type de protection précise choisie spécialement pour vous : santé, richesse, force, chance, charme, etc.
Originellement, les tatouages sont réalisés à l’aide d’une longue tige en bambou affutée d’une aiguille pour déposer l’encre dans le derme. Aujourd’hui les techniques ont évolué : s’il est toujours possible de demander la technique du bambou, la plupart des tatouages se font avec une tige en métal ou un pistolet électronique.
Réalisation du Sak Yant à l'aide d'une tige en métal affutée.
Un rite plus qu’une séance de tatouage
Pendant et après la réalisation du tatouage, le moine récite de nombreuses prières, chants et mantras, dont le pouvoir magique va – selon les croyances bouddhistes – imprégner les motifs du tatouage et se figer dans la peau du client pour toute sa vie simultanément à l’encre noire utilisée. Différents rites existent : dans certains temples, la cérémonie est intimiste : le moine asperge le tatouage, le visage, les cheveux du nouveau tatoué dans un nuage d’encens et d’images idolâtriques à la seule lumière de la bougie ; dans d’autres, chaque tatoué doit assister le tatouage du client précédent avant de se faire aider par la suite par le client suivant, et ainsi de suite.
Bénédiction après la réalisation du tatouage. Crédit photo : jamaisvulgaire.com
Le Sak Yant doit protéger du mauvais karma
Les tatouages représentent souvent des dieux bouddhistes ou des animaux sacrés. On retrouve notamment les tigres, les dragons, Garuda (le dieu mi-homme-mi-oiseau), la divinité Hanuman et d’autres symboles tels que le Yant Gao Yord, Le Yant Ha Taew, etc. chacun ayant son pouvoir spécifique. Si le tatoué respecte des règles de vie simples (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas tromper), il se verra protégé du mauvais karma tout au long de sa vie.
Le Sak Yant est le plus courant et le plus connu des tatouages khmers. Chaque colonne a son propre pouvoir et protection : la première éloigne les ennemis, la seconde le mauvais sort, la troisième la magie noire, la quatrième ammène chance, succès et fortune, et la dernière apporte séduction et charme.
Les tigres (à gauche) insufflent force et éloignent la peur et le doute. Garuda (à droite) est symbole de royauté et de pouvoir.
La signification du "Yant Gao Yord" est particulièrement forte : le centre représente l'Univers et les neuf sommets les neuf chemins pour parvenir au Nirvana.
Où se faire tatouer par des moines dans le respect de la tradition ?
En Thaïlande, vous pouvez vous rendre au monastère Wat Bang Phra ou de jeunes religieux effectuent cet art tous les jours.
Si cette tradition ancestrale a failli disparaitre au Cambodge à cause de la dictature de Pol Pot et le sanglant régime des Khmers rouges - cherchant à éliminer l’art et la religion bouddhiste du pays - vous pouvez quand même partir à la recherche de moines dans la campagne cambodgienne environnant Siem Reap pour des rites plus intimistes.
Réalisation d'un tatouage au temple de Wat Bang Phra en Thailande.
Préserver le caractère sacré du Sak Yan
En Thailande, n’importe quel salon de tatouage propose la réalisation de Sak Yant, par des moines ou non, répondant en partie à l’effet de mode occidental pour ces motifs - au dépend des croyances et rituels bouddhistes ancestraux entourant à l’origine cet art.
Au-delà de l’aspect esthétique, ce tatouage est pourtant hautement symbolique. Par conséquent, afin de préserver la culture khmère et la puissance spirituelle du Sak Yant, des associations locales luttent contre la mondialisation profane de ces motifs notamment en Occident et contre leurs réalisations par des tatoueurs non-moines.
Angelina Jolie, actrice Hollywoodienne et bouddhiste, a fait connaître le Yank Sat au grand publique.