La sculpture possède une place toute particulière dans la culture cambodgienne. La meilleure représentation de cet art se distingue par les temples d’Angkor. Ce lieu mondialement connu constitue un époustouflant site archéologique où le savoir-faire de la sculpture est incarné par l’omniprésence des illustres apsaras sur les murs des temples angkoriens. Des petites statuettes aux immenses sculptures, toutes sont des rescapées d’une longue période d’instabilité durant laquelle de multiples œuvres et artistes ont disparu sous le régime des Khmers Rouges. Aujourd’hui, cet art ancestral perdure encore à travers les nouvelles générations et a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La naissance de la sculpture khmère
Les premières apparitions des œuvres de sculptures datent du royaume de Funan (II-VIe siècle), situé dans le Delta du Mékong. C’est dans cette province, considérée comme le berceau de la civilisation khmère, que l’on retrouve les premiers sites historiques renfermant gravures et statuettes aux empreintes indiennes.Le VIIe siècle marque le début de l’émancipation de la sculpture khmère et le développement de son propre style et savoir-faire. À travers l’accroissement des œuvres sur le territoire, les siècles qui suivent représentent le début de l’apogée de la sculpture angkorienne.
Consécration et merveilles du monde
Au début du Xe siècles, le roi Yasovarman I décida de déplacer la capitale de son royaume à Angkor, anciennement appelé Yasodharapura. Grâce à un sol riche en roche (latérite, grès etc), les différents rois de la capitale ont bâti plus d’un millier de temples et sanctuaires entre le IXe siècle et le XIIIe siècle. C’est durant cette glorieuse période de l’empire de Khmer que l’art de la sculpture est à son apogée. Les célèbres édifices ayant des dimensions prodigieuses sont une démonstration des talents des architectes et bâtisseurs cambodgiens.
Le somptueux temple de Banteay Srei, surnommé « La citadelle des femmes », est l’une des illustrations parfaites du savoir-faire des sculpteurs de l’époque. Il est l’unique temple bâti en grès rose et ses façades sont entièrement et finement sculptées. Chaque sculpture retrace de façon captivante une histoire associée aux mythologies hindoues.
Une passation culturelle
À la fin de l’illustre période de l’empire Khmer, les sculptures sur pierre sont moins fréquentes et au fil du temps elles sont remplacées par l’art scuptural sur bois. Cette transformation est conjointement liée à la conversion en masse au bouddhisme Theravada au XVe siècle. On conceptionne alors des statues laquées ou des immenses panneaux sur lesquels sont sculptés des scènes représentant l’histoire de la culture cambodgienne. Aujourd’hui, c’est la ville de Battambang qui abritent de nombreux ateliers et artisans qui transforment le bois brut en œuvres d’art.
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L’art sculptural cambodgien – à base de bois ou de pierre – a bien failli disparaitre durant la période des Khmers Rouges. Au cours de leur domination de 1975 à 1979, la majorité des artisans ont été assassinés ou forcés à cultiver des champs et réaliser des travaux de terrassement. Certains rescapés se sont alors expatriés afin de fuir le régime. C’est à partir de 1992, grâce à l’effort conjoint de l’Union Européenne et de plusieurs ONG, que ces derniers ont repris leur travail tout en formant et instruisant les jeunes cambodgiens à la renaissance de cet art millénaire. Après de sombres décennies, l’art de la sculpture effectue de nos jours un retour glorieux dans le Cambodge moderne.